ACV 2016 – Affichez-vous!
Trois intervenants, deux visions sur l’atelier de communication visuelle 2016 :
Les étudiants de 2e année en ingénierie des médias ont pris part à l’atelier de communication visuelle (ACV), accompagnés de trois intervenants.
C’est l’objectif de l’atelier de communication visuelle que de produire deux affiches sur le thème de recherche mené en MRPP. Dit brièvement, cela implique que l’étudiant trouve et développe pour chaque projet un concept visuel et narratif, en d’autres termes, qu’il travaille avec l’image et le texte (ce que l’on appelait, au 20e siècle, « le choc des photos et le poids des mots »). Pour la première affiche, l’image doit être produite par l’étudiant ; il s’agit alors d’une photographie. Le photographe Yves Ryncki est présent pour donner les conseils qui permettront à chacun de réaliser une photographie digne de ce nom ; il met de surcroît à disposition une partie de son matériel, soit divers éclairages, des fonds et autres trépieds. La seconde affiche, quant à elle, doit faire intervenir une image choisie sur internet, photographie ou dessin. Il peut aussi s’agir d’un projet basé uniquement sur la typographie ; la typo se voit avant que d’être lue ; elle peut avoir une dimension picturale.
Les deux projets doivent donc exprimer un aspect ou un autre du travail de recherche MRPP. C’est petit, une affiche, et il n’est pas question de tout y mettre. Première étape : reconnaître des éléments qui se prêtent à la représentation visuelle. Comment faire, par exemple, pour évoquer des thèmes tels que le contrôle de l’image de soi sur internet, la culture sectaire en entreprise, ou encore le son creux des formules standard utilisées dans les certificats de travail ? Où sont les images ? Dans un premier temps, le mode de travail est celui du brainstorming solo, ou, dit en français, la réflexion individuelle. Il n’est alors pas inutile de ressortir du fond du sac un bon vieux compagnon, le crayon ! En effet, rien de tel lorsque l’on cherche une idée que de projeter sur le papier les différents scénarios qui se profilent dans notre imagination. On voit alors que la culture de l’informatique est compatible avec ce geste antédiluvien qui consiste à tracer manuellement un trait, puis un autre, en vue de représenter une idée. En production, cela s’appelle faire un rough, l’esquisse qui va conduire à la prise de vue.
Le plus intéressant dans tout cela demeure le processus créatif : comment, parti d’un embryon d’idée, l’étudiant progresse vers plus de concision, plus de netteté, plus d’efficacité dans la formulation de son message. Aussi, au moment de juger des résultats, les critères d’évaluation ne sont-ils pas limités pas aux seules qualités graphiques et sémantiques de chaque affiche, domaines où la subjectivité a toujours la main lourde; ces critères d’évaluation concernent également l’engagement de l’étudiant dans la réflexion, la manière dont il a passé les différentes étapes, comment il ne s’est pas contenté d’un premier résultat mais a continué de chercher, tout en assumant les contraintes techniques – mise en page, retouche colorimétrique, maquette – et en respectant les délais.
Lao Tseu a certes dit qu’une image vaut mille mots (tout du moins est-ce la sagesse qu’on lui prête), il n’en reste pas moins qu’une image sans un seul mot peut être interpétée de mille façons. Cette vérité explique la présence des deux autres intervenants, M. Morier Gernoud et le soussigné, deux «intellectuels » selon le photographe déjà nommé. Le premier est prompt à poser des questions provocantes, dans le genre « qu’est ce que tu veux dire exactement ?» – le second ne peut s’exprimer à son propre sujet – et les deux collaborent selon le principe salutaire de la contradiction, ce que comprennent bien vite les étudiants, pour qui ce mouvement de balancier entre ce que dit l’un et ce que dit l’autre au sujet de leurs travaux est, finalement, une invitation à réfléchir le plus librement possible.
Pierre Rouyer
Sur la base de leur dossier MRPP, les étudiants de la classe MM43 doivent concevoir et réaliser deux affiches. Un exercice pas toujours évident, mais parfois cocasse.
«J’ai donné le cours ACV – module CM2158 aux étudiants de la classe MM43 de la HEIG-VD, dans la salle S206 du CMC. Un cours basé sur leur dossier MRPP…» Parfois, lorsque vous êtes intervenant extérieur à la Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud, il est difficile d’expliquer à vos amis ce que vous y faite.
Plus simplement dit, le cours ACV est donné aux futurs ingénieurs médias de deuxième année. Ils doivent réaliser deux affiches invitant à une conférence fictive ayant pour thème un des aspects du dossier qu’ils ont réalisé en début d’année.
La première affiche doit comporter une photographie prise par eux dans le cadre du cours, la seconde affiche n’a pas d’autre contrainte que le texte.
Idées claires, affiches réussies
Sur le papier, l’exercice semble simple. En réalité, il l’est beaucoup moins. Pour réaliser une bonne affiche, il faut en effet travailler le texte, le graphisme, la photo et… maîtriser le sujet de son dossier. Certains élèves ont beaucoup de peine à résumer le thème qu’ils ont traité, beaucoup de peine à illustrer le résultat de leurs recherches. Empiriquement, on remarque qu’un bon dossier donne une bonne affiche et qu’un sujet mal maîtrisé et conceptualisé est difficile à traduire graphiquement.
Pour les aider, les élèves bénéficient des conseils de trois intervenants extérieurs : Yves Ryncki pour la prise de vue, Pierre Rouyer pour la mise en forme graphique et Patrick Morier-Genoud pour le texte. Cela dit, avec leur longue expérience professionnelle, les trois compères ne se privent pas de mettre leur grain de sel dans tous les composants de l’affiche. Cela donne parfois lieu à des débats contradictoires mais toujours amicaux.
A boire et à manger
C’est souvent les prises de vue qui créent le plus d’ambiance dans le cadre de cet atelier. Photographies dans une rame de métro, dans un grand magasin, dans des toilettes, en studio, dans la nature… Et c’est même parfois gourmand, comme lorsqu’une étudiante avait confectionné des macarons qui furent dégustés après la photo.
Cette année, personne n’a voulu manger le hamburger qui a servi à illustrer le nouveau service Mac Donald. Mais les non-initiés ont dû se demander pourquoi un jeune homme barbu courrait dans les couloirs avec un arrosoir aux couleurs jurassiennes ou que faisait un bureau entièrement équipé au bord du lac.
Arrivé là, vous aimeriez peut-être connaître le secret d’une bonne affiche ? Eh bien, c’est de la réaliser avec curiosité, passion et plaisir. Ce sont les premières choses qu’y verront les gens…
Patrick Morier-Genoud
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