Tests e-vote du canton de Vaud

Une approche UX du e-vote

Voilà 10 ans que la confédération et les cantons travaillent conjointement sur un projet de vote électronique ou e-vote.
Le 28 septembre dernier, le conseil fédéral a donné l’autorisation au canton de Vaud pour procéder à des essais.
Lors des dernières votations, 30% des votants, résidents en Suisse ou à l’étranger, ont peut-être trouvé dans leur enveloppe une carte de vote électronique.

Actuellement, deux systèmes d’e-vote répondent aux exigences de la Confédération:

C’est avec une version d’e-vote basée sur le système genevois que le canton de Vaud a effectué ses premiers essais.
Pour cela, il a fallu tester le système, la sécurité, l’accessibilité mais aussi l’expérience utilisateur.
C’est pour ce dernier point que le service des communes et du logement a mandaté le MEI (Media Engineering Institut) de la HEIG-VD. 
Il s’agissait de réaliser une série de tests utilisateurs du matériel imprimé ainsi que de l’interface en ligne permettant de procéder au vote électronique.

Un des objectifs du vote électronique est de motiver la participation aux votations des 750’000 résidents suisses vivant à l’étranger.

Parmi ceux-ci, près de 21% sont des personnes à l’âge de la retraite. Une collaboration avec le Senior Lab a permis de faire appel au COSY (Conseil des Seniors d’Yverdon-les-Bains) et aux lecteurs du magazine Générations plus.

Trois méthodes différentes ont été utilisées afin de tester l’expérience utilisateur du système de vote électronique.

Méthode « thinking aloud »

Cette méthode permet de connaître avec précision les pensées de chacun des participants au test. Le principe est de leur demander de dire à voix haute toutes les pensées qu’ils ont au fur et à mesure du processus de e-vote. Grâce à cette méthode, il est possible de récolter des informations de meilleure qualité qu’avec un simple questionnaire car les réactions sont immédiates et sans le biais de l’analyse. Les pratiques usuelles et les données de recherche montrent qu’à partir de 5 participants des tendances claires peuvent être déduites. Dans le cas du vote électronique, six profils ont pu être testés, dont un individu tout juste âgé de 18 ans et n’ayant jamais voté auparavant. Les cinq autres profils avaient tous entre 50 et 65 ans.

Pour mettre en place ce genre d’expérimentation, il est nécessaire d’avoir un protocole qui permette de réaliser l’expérience dans les meilleurs conditions. Par exemple, commencer par une introduction expliquant aux participants le déroulement de ce test.

Afin de vérifier la compréhension des sujets, il est nécessaire d’effectuer un premier essai grâce à une tâche de type simple, comme ajouter un contact au carnet d’adresse de son téléphone. Une fois la phase d’introduction terminée, l’expérience peut débuter. Un scénario doit être établi au préalable, afin de structurer le test et d’avoir des tâches précises à effectuer par les participants.

Méthode étude experte

En parallèle, l’analyse de plusieurs experts a apporté des points de vue basés sur l’expérience professionnelle et sur la recherche. Cette méthode permet de faire ressortir des éléments problématiques avec un certain recul par rapport au matériel exposé, notamment d’utiliser des normes (en particulier ISO 9241-210) pour l’évaluation du e-vote.

Trois experts ont collaboré à l’analyse des données récoltées afin de rendre l’expertise la plus complète possible, en comparant les points de vue et les conclusions.

Cette méthode a permis de relever un peu moins de trente recommandations permettant d’améliorer l’expérience utilisateur. Ces recommandations concernent aussi bien les aspects graphiques tels que l’inter-lettrage, les couleurs utilisées, que la réorganisation des contenus comme la suppression ou le changement d’éléments.

Méthode sondage utilisateur

Pour terminer, un sondage utilisateur a été réalisé sur une cinquantaine de personnes. Il a permis d’obtenir des résultats quantitatifs sur la procédure et de vérifier ou d’écarter certaines observations. Une fois que le sondage a été mis en place, il a fallu choisir l’échantillon et le profil des personnes sondées. Ce ciblage a été fait grâce aux informations démographiques reçues sur la population votante. Un léger pic dans la tranche des 50-70 ans a orienté le ciblage vers des utilisateurs approchant ou étant à la retraite. C’est grâce à la collaboration avec le COSY et le magazine Génération plus qu’il a été possible de toucher plus facilement ce public-cible. Les sondés ont reçus directement un matériel de vote sous forme d’une enveloppe scellée. Ils n’avaient pas d’autres instructions que d’essayer de procéder au vote électronique avec ce qu’ils avaient reçus et de répondre au questionnaire en ligne après la procédure.

L’ensemble des résultats ont été compilé dans un rapport et des maquettes visuelles de principes ont été réalisées sur la base des recommandations faites.

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  1. 2
    Accessibilité et ergonomie du e-voting - Senior-Lab

    […] Mandaté par le service des communes et du logement du Canton de Vaud, l’institut MEI de la HEIG-VD a mené une étude portant sur l’accessibilité et l’ergonomie d’un système de vote électronique pour les Suisses de l’étranger. En collaboration avec le Senior Lab, l’institut MEI a pu faire appel au COSY (Conseil des Seniors d’Yverdon-les-Bains) pour réaliser cette expérimentation. En savoir plus. […]

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