
DataBloom – une interface de visualisation de l’impact énergétique du numérique dans un foyer
Ce projet de Bachelor s’inscrit dans la suite des projets de recherche développés au sein de l’Institut d’Ingénierie des Médias sur le thème de l’empreinte environnementale du numérique:
- Extension web CarbonViz
- Installation Art et Science Carbovirium
- Analyse et données d’usages numériques des foyers romands Carbonviz Home
- Jeu de société Ferme numérique
🌱 Quand une fleur fanée révèle l’impact invisible du numérique à la maison
Le numérique semble immatériel. Mais derrière chaque vidéo, chaque fichier stocké dans le cloud, se cachent des infrastructures énergivores. Et si une fleur pouvait nous le rappeler au quotidien ?
🌍 L’envers du décor numérique
Nous vivons dans un monde où tout est à portée de clic. Streaming, réseaux sociaux, visioconférences… Le numérique a transformé nos vies et donne souvent l’impression d’être immatériel. Pourtant, cette impression est trompeuse : selon une récente étude publiée en 2025, 12 % de la consommation électrique suisse est imputable au secteur du numérique et 2 % des émissions de gaz à effet de serre.
Le problème ? Cette consommation reste largement invisible. Sans signaux tangibles, difficile de prendre conscience de notre empreinte numérique et d’adopter des comportements plus sobres.
🌸 Une interface tangible de sensibilisation
C’est ce constat qui a guidé Jérémy Martin, étudiant en Ingénierie des Médias à la HEIG-VD, dans son Travail de Bachelor. Son idée : concevoir une interface tangible qui matérialise l’impact énergétique des activités numériques d’un foyer.
Le prototype se présente comme une fleur posée sur une étagère ou un bureau. Au premier regard, on croirait à un simple objet décoratif. Mais en réalité, la fleur vit au rythme de la consommation numérique du foyer:
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La fleur se fane progressivement dans la semaine à mesure que le volume de données consommé augmente, symbolisant une “fatigue numérique”.
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Une LED intégrée au cœur de la fleur clignote brièvement pour indiquer l’intensité de la consommation instantanée.
Pas d’écran, pas d’alerte intrusive, pas de chiffres à décoder : la fleur parle le langage universel des plantes, celui du vivant.

Fleur DataBloom dans le contexte d’un bureau
🧪 Le résultat d’une conception centrée sur l’utilisateur
Le projet a suivi une approche Research through Design (RtD), une méthode itérative qui alterne recherche, prototypage et tests. Jérémy Martin a imaginé plusieurs concepts (personnage attachant, sablier…) avant d’opter pour la fleur, jugée plus universelle et à fort impact émotionnel.
L’impression 3D a permis de réaliser rapidement des prototypes de plus en plus aboutis, testés auprès d’utilisateurs. Ces tests ont permis de confirmer l’impact émotionnel de l’objet et les réactions sont encourageantes :
“Ça pourrait me faire réfléchir à ce que je fais”
“Ça m’a fait réfléchir… ça faisait du mal de la voir descendre.”
En rendant visible ce qui ne l’est pas, l’objet provoque un moment d’introspection. Sans consigne ni alerte, il incite à réfléchir à ses habitudes numériques.

Fleur DataBloom – différents niveaux de visualisation de la consommation de données numérique
🚀 Des évolutions et projets à venir découlant de ce travail de Bachelor ?
Le prototype actuel fonctionne à partir de données simulées, mais les perspectives sont nombreuses :
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Connecter la fleur à des données réelles via un service comme CarbonViz Home.
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Créer une application ou un tableau de bord complémentaire pour explorer ses usages en détail.
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Introduire une dynamique positive : aujourd’hui, la fleur se fane lorsque la consommation augmente. Demain, elle pourrait se redresser quand des efforts sont faits, renforçant l’engagement et récompensant les bonnes pratiques.
D’autres idées sont en cours de réflexion comme la création d’un kit éducatif à construire en classe. La fleur ainsi construite pourrait ensuite être visible et utilisée en classe pour sensibiliser les jeunes aux impacts du numérique.
D’autres aspects restent également à étudier, comme l’analyse de l’impact environnemental de la fleur ou encore sa fabrication à partir de ressources bio-sourcées.
💡 Un bel exemple d’interface tangible et de data physicalization
Le projet illustre parfaitement le potentiel des interfaces tangibles et de la data physicalization :
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Rendre visibles et mémorables des données abstraites.
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S’intégrer dans l’espace de vie sans être intrusive (Calm Technology).
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Créer un lien émotionnel qui favorise l’engagement durable.
À travers une métaphore simple et universelle – une fleur qui se fane – ce prototype invite à questionner notre empreinte numérique quotidienne. Il ne juge pas. Il n’impose rien. Il invite à prendre conscience.
🌱 Un nouveau langage pour nos données
Et si nos objets connectés devenaient des médiateurs éthiques et poétiques, plutôt que des écrans supplémentaires ? La fleur numérique de Jérémy Martin ouvre la voie à une nouvelle génération d’interfaces capables de nous reconnecter à l’invisible – et peut-être de transformer nos comportements.
Prototype développé dans le cadre du Travail de Bachelor “Conception d’une interface de visualisation de l’impact énergétique du numérique dans un foyer”, Jérémy Martin, HEIG-VD, 2025.
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