Forum Museum XTD – l’événement des petits et moyens musées

Dans le cadre du forum Museum XTD qui se déroulera du 12 au 13 Octobre 2023 à la HEIG-VD, deux des organisatrices et contributrices ont été interviewées pour vous permettre de mieux comprendre la genèse du projet et partager leurs attentes sur le futur de la transition numérique pour les petits et moyens musées.

Stéphanie Lugon est conservatrice adjointe au musée de Pully et responsable du projet muséal du musée Ramuz « La Muette » qui ouvre ses portes en Automne 2023.

Marion Lehembre est assistante cheffe de projet pour Museum XTD et sa plateforme ainsi que coordinatrice sur le « case study » du projet muséale Ramuz.

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Comment vous est venu l’idée de la création de cette boite à outils et de cette plateforme ? 

(Marion Lehembre)

« Il existe un clair besoin d’aide à la transition numérique chez les petits et moyens musées urbains »

Initialement il ne s’agissait pas d’une boite à outils mais plutôt de ressources pour favoriser une utilisation pertinente du numérique dans les musées. Ce sujet en lien à la transformation numérique n’est pas nouveau dans les musées ou la société en général. Cependant, les professionnels du musée ont besoin d’un accompagnement pour avoir une vision plus claire afin de diriger ce type de projet par eux-mêmes. Ce constat est notamment appuyé par une enquête du NEOMO (Network of Museum Organisations) qui suit l’impact de la pandémie COVID-19 sur les musées d’Europe musées en Europe : « Plus de 8 musées sur 10 ont suggéré qu’ils avaient besoin d’un soutien supplémentaire en matière d’outils numériques et de transition. Parmi ces musées, plus de 40 % ont répondu avoir besoin d’aide pour élaborer une stratégie numérique, suivi par le besoin d’une nouvelle infrastructure numérique (23,2 %) et la formation du personnel (18,7 %). » Cette enquête met également en évidence un besoin d’aide à la transition numérique chez les petits et moyens musées urbains.  

Le musée suisse de l’appareil photo à Vevey est l’un musée à s’être exprimé sur le besoin de soutien à la transition numérique

Ce travail de définition est donc intéressant. Nous avons interrogé des directeurs et directrices de musées ainsi que leurs équipes : nous avons identifié un véritable besoin auquel le développement d’une plateforme telle que la nôtre pouvait répondre. Nous avons notamment remarqué une véritable utilité des outils proposés pour prendre des décisions et permettre à ces professionnels de choisir le projet à développer numériquement… Ou encore savoir et comprendre si le numérique est applicable à un projet.

Le numérique a plusieurs signification et interprétation. Pour certains musées, cela fait référence au marketing numérique ou au community management. C’est représentatif d’une vision réductrice, qui n’est pas d’ensemble. Ne serait-ce que lors du développement du projet XTD, nous avons réalisé en interne nos différences de définition avec nos partenaires.

Quel aspect vous a le plus séduit au cours du développement de cette plateforme ?

(Marion Lehembre)

J’ai particulièrement apprécié les aspects de gestions de projet et planification avec les partenaires, la cartographie de ce qu’il existe, la prise de contact avec les partenaires du Québec, les entretiens avec Ars Electronica en Autriche… Ce besoin d’aide à la transition numérique existe ailleurs, avec ses spécificités propres à chaque projet ou chaque pays. On retrouve les mêmes problématiques avec des questions différentes.

Ars Electronica est une organisation basée à Linz, en Autriche, qui se consacre à la promotion de la création numérique depuis 1979.

Que trouve-t-on sur le site web Museum XTD ?

(Marion Lehembre)

Notre site web est divisé sous 3 aspects : le forum, la plateforme et le case study. La plateforme regroupe notamment des questions posées en amont et se rapportant à la réalité des professionnels des petits et moyens musées. Elle contiendra des définitions, permettra de s’approprier des concepts en lien au numérique, ou d’acquérir un vocabulaire commun. Nous y réunissons une curation de toutes les meilleures ressources ou documents que nous avons pu trouver ou identifier pour répondre à la question en lien à la transformation numérique. Nous sommes évidemment limités à ce que nous trouvons, nous avons choisi de ne mettre que des ressources documentées et publiées sur internet. Nous avons donc conscience qu’il existe sûrement de nombreux autres projets, initiatives ou concepts qui n’apparaitront pas sur la plateforme, tout simplement parce qu’ils ne sont pas apparus dans notre phase de recherche.

Québec numérique fait grandir et rayonner l’écosystème numérique du Québec en créant des contextes qui favorisent le partage et les échanges entre les personnes intéressées par le numérique.

Parmi les gens que nous avons rencontrés pour le développement de la plateforme, Quebec Numérique m’a tout particulièrement parlé. Ils ont développé une plateforme avec une approche similaire, l’ampleur et les gens en plus. Ils ont créé à l’échelle du Quebec un écosystème dans lequel les personnels des musées ont des ressources, un forum annuel pérennisant leur travail et un réseau de professionnels formés pour accompagner qui fonctionne comme un annuaire. Grâce à leur démarche, ils ont réussi à autonomiser et responsabiliser chacun. De la même manière, nous souhaitons nous en inspirer pour implémenter la pensée numérique avec notre plateforme. Dans notre situation, nous sommes dans l’intégration d’un besoin court-terme pour mettre en inertie un écosystème assez local. Il sera notamment possible pour les utilisateurs de nous contacter pour pousser des ressources, un concept, une vision, ou compléter une note.

L’idéal serait de développer une plateforme participative et que les gens peuvent mettre du contenu comme un Wikipedia.

Au travers de ce « case study » du projet Ramuz, dont les résultats seront exposés au cours du forum, comment avez-vous été impliquée dans ce projet de recherche ?

(Stéphanie Lugon)

Dans le cadre de projet de formation de Concilio, qui se focalise sur transformation numérique des petits et moyens musés, nous avions 9 mois pour mener une recherche appliquée sur le développement de modules numériques dans notre institution. Ce dispositif du canton de Vaud est limité dans le temps et se termine fin octobre 2022.

Concilio qu’elle a fondé en 2017, Nathalie Pichard gère, avec et pour ses clients, des projets qui font appel à son expertise en management, organisation ou innovation, dans les domaines culturel et des hautes écoles.

Ce projet de numérisation d’une institution muséale n’était pas totalement nouveau pour nous. Nous y avions été confrontées, et ce de manière impérative par la crise sanitaire. Nous avions donc déjà rencontré ces questionnements et ces terrains d’exploration auxquels nous avons fait face. Avec la pandémie, nous avions dû agir rapidement, voire dans l’urgence, tant en termes de réflexion que d’exécution, ce qui nous a conduit à mettre en place des visites virtuelles. Malheureusement, il n’était pas possible de travailler sur des questions de fond, telles que définir comment ces projets numériques d’urgence s’inscrivait dans l’activité muséale. Il s’agissait en effet uniquement de rajout ou des « greffes » sur des projets muséaux déjà existants. Et ce n’est clairement pas suffisant pour parler de véritable transition numérique.

Le Kunstmuseum de Bâle a compensé la fermeture de ses salles par un enrichissement de son contenu en ligne. © Keystone / Gaetan Bally

En nous posant cette question d’une intégration du numérique, nous avons pu tâtonner, essayer différents concepts… Pour finalement accepter que les compétences numériques ne sont pas vraiment présentes à l’interne et que l’on a besoin d’être accompagnés. On se rend aussi compte que l’on doit changer en profondeur nos modes de travail. Le champ de travail et d’expertise d’un musée est large : médiation culturelle et scientifique, établir et maintenir un lien avec le public, créer des passerelles de communication avec des professionnels, gérer une collection… La transformation numérique doit donc avoir cette vue d’ensemble, prendre en compte tous ces facteurs. Nous pensons qu’elle ne doit pas se limiter au développement de petits modules vidéo, de communication ou de community management, qui sont certes indispensables aujourd’hui, mais qui ne s’incluent pas dans une vision globale.

Quel aspect vous a le plus séduit initialement ou au cours de ce projet de recherche ?

(Marion Lehembre)

Au cours de notre projet de recherche, nous avons eu l’opportunité de travailler avec différents types de prestataires tels que des startups, des indépendants, ou encore l’HEIG-VD au travers du Media Engineering Institue. Et nous avons réalisé que nos enjeux étaient compris par ces partenaires, que leur sensibilité à nos thématiques nous permettait une compréhension mutuelle. Voir le cerveau de l’ingénieur se mettre au service de nos missions était fantastique. Sans leurs compétences couplées à l’imagination et la compréhension, nous étions bloqués pour développer et créer des projets innovants. En se retrouvant sur des points d’achoppement et des enjeux, une véritable sensation d’intelligence collective émergeait.

Avec le recul, quel est l’outil vous manquait-il au début de cette recherche ?

(Stéphanie Lugon)

Ça dépend à quel niveau. Au niveau global de la gestion de projet : il nous manquait une méthodologie de travail pour implémenter des processus et des modules numériques. Un canevas de développement nous manquait entre nous et des prestataires numériques et technologiques.
D’un point de vue pratique, nous n’envisagions pas d’outils, mais plus des questions d’enjeux. Et j’ai découvert Miro, qui est incroyable notamment pour la traçabilité des documents. En tant qu’historienne de l’art, c’est devenu un outil très précieux.

Miro est un tableau en ligne rapide, gratuit et facile à utiliser qui vous aide à travailler en équipe à tout moment, n’importe où.

Quelle est la suite de ce projet ?

(Marion Lehembre)

Pour commencer à notre échelle, nous souhaitons organiser ce forum régulièrement. Et nous envisageons de l’élargir aux institutions culturelles de façon générale, pas seulement les petits et moyens musées.
Cela nous semble pertinent de rester à cette échelle locale : nous sommes plus précis dans la compréhension des besoins et des enjeux des petits acteurs culturels et nous restons en quelques sortes plus accessibles. Par contre, la mise en place d’un réseau au-delà de l’échelle locale permettant un échange de bonnes pratiques et d’expériences est essentielle. 

 

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