Mikkel, ingénieur des médias dans le monde du serious game

Suite à sa formation en ingénierie des médias, Mikkel rejoint l’équipe Albasim en tant que développeur. Les compétences qu’il a pu développer pendant son bachelor prennent alors tout leur sens, en plus de sa forte expérience dans le design, la visualisation de données cartographiques et l’humanitaire. Curieux, visuel et à la recherche de défis conceptuels ou technologiques, Mikkel aime se plonger en profondeur dans les sujets qui le passionnent et semble déjà s’épanouir dans sa nouvelle équipe et au sein du MEI.

Quels chemins t’ont conduit vers l’ingénierie des médias ?

Je savais donc que je souhaitais me réorienter vers ce domaine sans pour autant savoir comment m’y prendre

A la suite de mon gymnase en 2015, j’ai cherché ma voie universitaire en vain. Qu’il s’agisse d’un semestre en psychologie à l’Université de Fribourg ou d’une année en droit à l’Université de Genève, les cours ex cathedra ne me semblaient pas la manière la plus appropriée d’apprendre. Cependant, depuis très jeune je m’épanouis dans l’informatique et la suite de logiciels Adobe, je savais donc que je souhaitais me réorienter vers ce domaine sans pour autant savoir comment m’y prendre.

Acaps recueille et analyse des données afin de produire une analyse indépendante de la situation humanitaire de différents pays.

C’est au travers d’une connaissance qui travaillait dans une ONG spécialisée dans l’analyse de données humanitaires, ACAPS, qu’une opportunité s’est dessinée. En me demandant mon avis sur le design d’une carte et comment en produire plusieurs itérations rapidement, j’ai découvert QGIS (un logiciel de cartographie open-source).

QGIS est un logiciel permettant de créer des visualisations de données cartographiques avancées

J’ai ainsi été amené à améliorer leurs capacités SIG (Systèmes d’Informations Géographiques) internes. À cette époque, ACAPS produisait des rapports d’analyse rapides et sur mesure, essentiellement des résumés holistiques de catastrophes ou autres crises humanitaires dans le monde, fournies en moins de 24 heures après la demande. L’ONG avait une volonté d’inclure davantage de représentations graphiques et de données cartographiques pour améliorer leur contenu mais aussi devenir indépendante d’agences externes pour leur production.  

Interactive Dashboard de la situation en Ukraine proposée par ACAPS

Pendant mon temps libre je m’amusais beaucoup avec Photoshop et After Effects, donc j’étais ravi de pouvoir utiliser ces compétences au sein d’ACAPS tout en essayant de les démarquer en proposant des contenus plus modernes.

Que retires-tu de cette expérience ?

Je pense qu’ACAPS a été très formateur pour moi, c’était ma première véritable expérience professionnelle et j’étais vraiment ravi de la faire dans le secteur humanitaire, pour lequel j’avais déjà une certaine affinité. La cause humanitaire représente une grande source de motivation pour moi : il y a une grande noblesse à œuvrer pour les personnes dans le besoin, même si l’impact est indirect. Cela m’a permis de rencontrer des profils variés aux origines uniques qui partageaient une cause commune et surtout de développer une compétence essentielle pour mes études à venir en ingénierie des médias : la débrouillardise. 

En effet,  suite de cette expérience, j’ai pu me lancer en tant que designer et développeur web indépendant. Cependant, j’ai réalisé qu’il me manquait des compétences techniques, de gestion et de marketing. C’est à ce moment que j’ai entendu parler de la HEIG-VD et du bachelor en ingénierie des médias, qui répondait à toutes ces lacunes.

Comment as-tu découvert Albasim et qu’est-ce qui t’a attiré ?

Les défis que l’on peut rencontrer au sein d’Albasim ainsi que les technologies utilisées me stimulent énormément.

Pendant mes études grâce aux différents Serious Games auxquels nous avons joué pendant nos cours, notamment le Media Serious Game pendant nos 2 premières semaines  à la HEIG-VD et le Project Management Game plus tard dans le cursus. En 3ème année, j’ai également eu Dominique Jaccard comme professeur pour le cours de Systèmes Complexes avec qui j’ai brièvement évoqué sa volonté de faire mon travail de bachelor au sein d’AlbaSim, ce qui a probablement laissé une porte ouverte. A l’issue de mon bachelor, je me suis tout simplement mis en quête d’un emploi. J’y ai trouvé l’offre d’Albasim et j’ai envoyé ma candidature.

Le Media Serious Game permet aux étudiants de découvrir un exemple de leur future profession et de nouvelles formes pédagogiques.

Les défis que l’on peut rencontrer au sein d’Albasim ainsi que les technologies utilisées me stimulent énormément. En effet, créer des jeux sérieux qui répondent non seulement aux exigences pédagogiques mais qui sont aussi faciles d’utilisation et aux designs élégants, c’est un beau défi.  De plus, nos jeux sont autant destinés à des formations qu’à des domaines très spécifiques, (par exemple notre modèle physiologique qui simule un corps humain et comment ce dernier évolue et réagit aux intéractions à travers le temps).

Quelles compétences en ingénierie des médias utilises-tu aujourd’hui ?

Certainement les compétences techniques, étant donné que j’occupe un poste de développeur. Toutefois, j’utilise également le large éventail de compétences et soft skills acquis au cours de mes trois années d’études en ingénierie des médias : la communication et le contact avec le client, la vulgarisation de notre travail, la prise en compte des aspects UI/UX tout en ajoutant une touche de design pour mettre la cerise sur le gâteau.

L’ingénierie des médias proposent des axes très complémentaires

Dans la formation, nous avons l’opportunité de toucher à tout dans le numérique, ce qui permet de rapidement prendre en main de nouvelles technologies ou de nouvelles tâches. En tant qu’ingénieur média, on développe le recul nécessaire pour prendre en compte certains aspects qui sont souvent perdus au cours du développement, tels que l’usabilité, le design, etc.

Peux-tu décrire avec tes mots ce qui se fait à Albasim et plus spécifiquement ton activité ?

Chez AlbaSim, nous avons une offre assez large de jeux qui tournent sur WEGAS (Web Game Authoring System) qui est une sorte de plateforme WYSIWYG pour les jeux sérieux.

Je participe à la création de jeux de société numériques qui visent à former ou à instruire

(L’acronyme WYSIWYG est tiré de l’anglais « What You See Is What You Get », soit en français « ce que vous voyez est ce que vous obtenez ». Il s’agit d’une interface visuelle où l’utilisateur voit directement le résultat final de sa saisie). 

Nous passons beaucoup de temps à nous assurer que tout cela fonctionne bien tout en améliorant continuellement la plateforme en introduisant de nouvelles fonctionnalités, en corrigeant des bugs, etc.

Si je devais vulgariser ce que je fais à Albasim, je dirais que je participe à la création de jeux de société numériques qui visent à former ou à instruire des personnes dans divers domaines.

Je suis quelqu’un de très visuel, j’ai un besoin de pouvoir me représenter le problème ou les systèmes avec lesquels je travaille, ce qui je pense est un atout quand on utilise des logiciels très complexes ou conséquents. Je suis également quelqu’un de naturellement curieux, je n’ai aucun problème à me plonger dans un sujet pendant des heures pour en comprendre toutes les subtilités. C’est à évidemment à double facette, car il faut parfois s’empêcher de passer des jours à comprendre pourquoi un bouton est mal aligné d’un pixel !

C’est quoi un serious game et pourquoi choisir ce domaine de recherche ?

Les jeux sérieux sont des outils numériques qui permettent aux enseignants et aux étudiants de mieux acquérir mais aussi d’appliquer les compétences acquises pendant leurs cours. Ces outils peuvent être très similaires à certains jeux vidéos que nous connaissons tous, comme les jeux 4X (stratégie et gestion) ou les jeux city building avec des aspects de gestion plus poussés ou plus propre aux besoins pédagogiques.

Civilization, un emblème du jeu vidéo de gestion et stratégie, parfois à la limite du serious game. Parfois…

Nous essayons de rester fidèles au monde réel mais nous faisons parfois certaines abstractions à des fins éducatives ou pour des questions de faisabilité. L’architecture ou structure général de ces jeux est aussi très particulière étant donné qu’on doit couvrir beaucoup de bases comme les interfaces joueur et éducateurs, le gameplay, les contenus, distribution, etc. En tant que développeur, pouvoir se pencher sur tous ces aspects est vraiment un plaisir. De plus étant une petite équipe, tu as vraiment la possibilité de mettre la main dans un peu tout (intégration, frontend, backend, modélisation, etc), qui pour moi est très formateur et satisfait beaucoup mon besoin de variété dans mon travail.

Après avoir travaillé pour AlbaSim pendant quelques mois,  je dois dire que ce qui me motive également, c’est d’être capable de fournir à nos clients une manière différente mais efficace et engageante d’enseigner. Je suis très curieux de nature, donc explorer d’autres domaines tels que le médical, la gestion de projet, etc. est pour moi une expérience géniale.

Quel est le projet du moment ?

Notre projet phare est MIMMS (Major Incident Medical Management Simulation). Comme son nom l’indique, il s’agit d’un jeu destiné aux premiers intervenants (ambulanciers) pour les aider à s’entraîner et à mieux se préparer à de tels événements.

Nous sommes à la moitié de ce projet de 4 ans. La prochaine étape consiste à rassembler les nombreux éléments développés jusqu’à maintenant en un jeu cohérent, une tâche très intéressante mais aussi très difficile.

Parallèlement à WEGAS, nous abandonnons notre ancien frontend pour React. Un travail très solide a été fait et nous résolvons lentement mais surement certains problèmes à travers le projet MIMMS pour cette transition. Nous finirons par migrer tous nos anciens jeux vers la nouvelle plateforme, ce qui constitue une grande partie de notre travail l’année prochaine.

Quel est ton serious game de rêve ?

Je suis tenté de dire quelque chose en rapport avec l’armée pour que nous puissions faire un nouveau jeu RTS car je n’en ai pas trouvé de bons ces derniers temps mais je pense pas qu’un tel projet serait admis (et heureusement !).

Plus sérieusement, j’ai réalisé, grâce au projet MIMMS, que la formation des premiers intervenants et autres personnels pour les scénarios de grandes catastrophes est vraiment compliquée, coûteuse et longue. Travailler sur quelque chose de similaire, mais pour le public humanitaire, car ils ont un système de réponse complexe qui doit pouvoir s’adapter à presque toutes les catastrophes imaginables, ça c’est un challenge intéressant. Et c’est aussi quelque chose qui me tient à cœur qui, malheureusement, semble gagner en demande.

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