Stalker, expérimenter la zone

L’exposition de la Maison d’Ailleurs, co-produite par la HEIG-VD, rend hommage au chef-d’œuvre du cinéma, Stalker (1979), et au huitantième anniversaire de la naissance de son réalisateur, Andreï Tarkovski (1932-1986, RU), un des maîtres incontestés du septième art.

Elle propose aux visiteurs de se plonger dans l’univers insolite de ce film culte, aussi bien grâce aux installations interactives développées par les ingénieurs de la HEIG-VD que par l’étrange Zone entièrement construite par Rashit Safiullin (RU), le scénographe du film de Tarkovski. Supervisés par les curateurs de l’exposition (Alexandra Kaourova et Eugène Meiltz) et le directeur du musée (Marc Atallah), les dispositifs imaginés par les collaborateurs et étudiants de la HEIG-VD illustrent, rappellent ou tissent un lien avec certaines séquences, thématiques et ambiances du film.

La filière ingénierie des médias du département COMEM+ propose trois réalisations multimédia : la chambre des désirs, le feu sous l’eau et les Short-Stalks.

La chambre des désirs

Avec ou sans Stalker, c’est bien connu: les technologies de l’information n’ont pas de limites! Reconstituer La chambre, celle qui exauce nos désirs les plus secrets, telle était la mission…

Le passeur (ou « guide » en jargon muséal) vous emmène au cœur de la zone (ou mezzanine pour les intimes). Une table interactive vous permet d’exprimer, avec vos dix doigts si cela vous tente, votre souhait le plus intime. Une fois validé (cliquer sur le bouton de sauvegarde), celui-ci explose en nuage de particules qui tournoient dans l’espace. Vos désirs sont difformes, se déforment, se transforment…

Dans le même temps, vous pourrez voir depuis le balcon, les textes ou dessins, fournis par les visiteurs, qui s’affichent en boucle sur une épaisse toile de fils blancs condamnant l’entrée d’un imposant portail. Vos pensées impénétrables vont-elles apparaître, disparaître, s’emmêler avec d’autres, se révéler?

La métaphore se prolonge hors du musée, avec différents systèmes (page web, webApp, projections, QR codes) plus ou moins publics, qui permettent tantôt de visualiser les centaines de désirs déjà formulés, de charger l’application sur son téléphone afin d’exprimer son propre vœu, et de le sélectionner, lui ou un autre, afin de l’afficher sur un mur Facebook ou de le projeter sur une façade bien réelle, ou encore, dans la vitrine de l’Office du tourisme de la ville d’Yverdon-les-Bains. Pour en savoir plus… il suffit d’accéder à la description des interfaces.

Le feu sur l’eau

L’animation « le feu sur l’eau » est une réadaptation numérique du célèbre plan-séquence, réalisé par Andrei Tarkovsky pour son chef-d’œuvre, Stalker.

Une « flaque vivante » dévoile les objets mystérieux qui se cachent derrière le repos du Stalker et se laissent transporter par des rivières de feu virtuel.

L’animation a été réalisée avec Adobe After Effect, par M. Davide Valdarnini, grâce à la combinaison de plusieurs couches composées de générateurs de particules, incrustations, générateurs d’impulsions, effets de lumière et de grain.

Elle est projetée au sol, sur une reconstitution de la rivière réalisée au musée par le scénographe du film, Rashit Safiullin, ce qui procure un effet mystérieux que l’on ne peut évidemment pas apprécier sur la version YouTube.

Les Short-Stalks

A l’occasion d’un cours d’initiation aux métiers de l’audiovisuel, une classe d’étudiants de deuxième année en ingénierie des médias de la HEIG-VD, s’est interrogée sur la thématique de la chambre des désirs. Quels sont nos désirs? Que souhaitons-nous au plus profond de notre être? Qu’est-ce qui nous anime intérieurement? Quelles sont nos valeurs?

Une série de tableaux mouvants, courts-métrages de quelques minutes qui mettent en scène leurs propres désirs, invite le spectateur au questionnement sur les siens.

Quatorze réalisations sont projetées en boucle durant l’exposition!

Pour en savoir plus… ou accéder au site dédié: http://stalker.comem.ch/

Bien qu’elles n’aient pas été réalisées au sein du département COMEM+, trois autres installations interactives méritent d’être mentionnées. Développées par des étudiants de la filière informatique du département TIC, sous la direction du Prof. Andres Perez-Uribe, à l’occasion d’un cours-labo d’informatique, elles sont les suivantes :

Le puits sans fond

Le visiteur se penche sur un trou qui semble très profond et noir. Il jette un objet. Après plus d’une minute, un bruit assourdi retentit enfin du fond.

Un dispositif embarqué exploitant des capteurs détecte l’objet jeté dans une sorte de grande poubelle et active un son associé.

Le chien errant

Une silhouette de chien noir apparaît sur le mur. Elle interagit avec le visiteur, en le précédant ou en l’attendant tranquillement assis, lorsque celui-ci reste immobile.

Une caméra Kinect détecte les mouvements des visiteurs qui déambulent le long d’un couloir, l’ombre du chien est affichée en projection inverse sur un drap qui longe le passage, en incrustation sur un arrière-plan de paysage humide et post-apocalyptique.

La table de télékinésie

Une fille penche sa tête et fixe son regard sur des verres sur une table.
Les verres bougent tous seuls.

Une caméra est cachée dans une bouteille, un traitement vidéo permet de détecter la position d’un visiteur et de reproduire la scène. Un verre se déplace grâce à des aimants motorisés cachés sous la table.

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