Mediamaps meets FOSS4G22

La conférence FOSS4G pour Free and Open-Source Software for Geospatial est l’un des événements les plus importants dans le domaine des systèmes d’informations géographiques. Chaque année, elle réunit plus d’un millier de spécialistes et d’experts du monde entier dans une ville différente à chaque édition. Cette année, pour sa dix-septième édition, elle avait lieu dans la magnifique cité de Florence.

Très actif dans le domaine de la géoinformation, le groupe de recherche Mediamaps, qui associe les instituts IICT, INSIT et MEI de la HEIG-VD, a eu l’occasion d’y participer dans le but de valoriser quelques-uns de ses projets de recherche. Les contenus de ces présentations se trouvent également, dans des articles plus étayés, dans la revue de la Société internationale de photogrammétrie et de télédétection (voir références à la fin de l’article).

Ainsi, Jens Ingensand et Nicolas Blanc ont présenté l’API sMapShot, qui permet de visualiser des photos historiques géoréférencées sur un globe virtuel en 3D. Maxime Collombin a présenté la méthode mise en oeuvre avec Swisstopo pour accompagner la mise à jour de normes de cyberadministration dans le domaine de la géoinformation, notamment eu égard aux évolutions à l’internationale des standards de l’Open Geospatial Consortium (ex. OGC API). La présentation d’Antoine Drabble s’est concentrée sur les nouvelles possibilités offertes par les moteurs de rendus cartographiques Open Source. Enfin, Maryam Lotfian a évoqué les conclusions de sa thèse de doctorat en lien avec le machine learning, les sciences participatives et la validation en temps réel d’observations de la biodiversité.

Présentation des enjeux de représentation liés aux modèles minimaux de géodonnées suisses

Si ces présentations ont alimenté les sessions académiques ce congrès c’est aussi et surtout plusieurs sessions généralistes sur les logiciels, leurs évolutions et leurs usages. Sans oublier les habituels OSGeo community sprint permettant aux acteurs des communautés logiciels d’avancer ensemble sur leurs feuilles de route «in real life».  C’est ce dont Maxime Collombin et Olivier Ertz ont su profiter pour un sprint autour du standard cartographique OGC: Symbology Conceptual Model: Core Part (ayant déjà fait l’objet d’un article dans ce blog) en compagnie de Jérôme Jacovella-St-Louis, développeur venu d’Ottawa (ecere.com) et très actif au sein de l’OGC.

Il est bien évidemment difficile d’offrir un compte-rendu exhaustif de toutes les présentations ayant eu lieu dans le cadre de la conférence, tant le contenu est riche. Certains éléments peuvent toutefois être relevés:

  • La nouvelle génération de standards de l’OGC a largement été évoquée, autant à travers des exemples d’implémentation ou des scénarios d’utilisation.
  • La thématique du tuilage vectoriel était la star de l’événement, avec plusieurs présentations qui se penchaient sur ce sujet, ce qui souligne l’intérêt grandissant pour cette nouvelle technologie.

Mais, le tuilage vectoriel, c’est quoi?

Pour comprendre le tuilage vectoriel, il faut d’abord comprendre ce qu’est une tuile. Une tuile est obtenue à partir de la division d’une carte en plusieurs sous-parties dont le nombre et le niveau de détail dépend du niveau de zoom. Chaque sous-partie représente une tuile et permet de récupérer une région de la carte qui nous intéresse. Une tuile vectorielle, par opposition à une tuile raster (image composée de pixels), contient des géométries. Ces différentes géométries doivent être transformées en image par le moteur de rendu cartographique. Cela augmente la quantité de calculs réalisés mais nous donne plusieurs avantages comme par exemple une personnalisation en temps réel (p. ex. changement de style), une réduction de la charge réseau, une amélioration de la qualité du rendu ou encore la possibilité d’afficher les géométries en trois dimensions. Parmi les solutions proposées, nous aimerions relever l’extension éponyme de GeoServer.

Du côté des données d’observation de la terre, les présentations liées au catalogue de ressources spatio-temporelles (STAC) ont rencontré un très large succès.

Vous avez dit STAC?

Non, STAC n’est pas uniquement un anagramme de CATS, la fameuse comédie musicale. Il s’agit d’un standard de catalogage de données satellitaires permettant de faciliter leur diffusion et leur indexation. Initié en 2017, STAC devrait ainsi permettre d’accéder plus facilement à plus de 38 ans de données d’imageries. Un atout majeur pour la prise de conscience et la gestion des aléas naturels en lien avec le changement climatique.

Scène de la comédie musicale CATS

La participation à cette conférence aura été une expérience réellement enrichissante pour toute l’équipe de Mediamaps. En plus de leur permettre d’en apprendre d’avantage sur les dernières technologies du web géospatial, elle aura permis au groupe de recherche d’être au coeur de la communauté Open Source Geospatial (OSGeo) et de nourrir de fructueux échanges avec des spécialistes venus des quatres coins de la planète, ce qui fut notamment de Maxime avec la communauté Geopython et Andrea Aime, directeur technique de la société Geosolutions et ancien lauréat du Sol Katz Award.

Lexique

API  Interface de programmation
Community Sprint Réunion d’un petit groupe de développeurs pour réaliser un projet de développement informatique relativement court
Machine learning Sous-catégorie de l’intelligence artificielle (IA) visant à l’apprentissage automatique des machines
OGC  Open Geospatial Consortium
OpenSource  Logiciel informatique dit «ouvert»
Open Source Geospatial  Fondation pour les logiciels libres dans le domaine géospatial
Sciences participatives Projet collaboratif intégrant des citoyen.ne.s à des sujets de recherche scientifique
Sol Katz Award Prix décerné par l’OSGeo aux chercheurs et développeurs ayant contribué de manière significative, par leurs activités, à faire progresser les idéaux du logiciel libre dans le domaine géospatial.

Références

  1. Ammann, M., Drabble, A., Ingensand, J., and Chapuis, B.: MAPLIBRE-RS: TOWARD PORTABLE MAP RENDERERS, Int. Arch. Photogramm. Remote Sens. Spatial Inf. Sci., XLVIII-4/W1-2022, 35–42, https://doi.org/10.5194/isprs-archives-XLVIII-4-W1-2022-35-2022, 2022.
  2. Blanc, N., Cannata, M., Collombin, M., Ertz, O., Giuliani, G., and Ingensand, J.: OGC API STATE OF PLAY – A PRACTICAL TESTBED FOR THE NATIONAL SPATIAL DATA INFRASTRUCTURE IN SWITZERLAND, Int. Arch. Photogramm. Remote Sens. Spatial Inf. Sci., XLVIII-4/W1-2022, 59–65, https://doi.org/10.5194/isprs-archives-XLVIII-4-W1-2022-59-2022, 2022.
  3. Ingensand, J., Lecorney, S., Blanc, N., Besse, M., Taylor, J., and Rappo, D.: AN OPEN API FOR 3D-GEOREFERENCED HISTORICAL PICTURES, Int. Arch. Photogramm. Remote Sens. Spatial Inf. Sci., XLVIII-4/W1-2022, 217–222, https://doi.org/10.5194/isprs-archives-XLVIII-4-W1-2022-217-2022, 2022.
  4. Lotfian, M., Ingensand, J., and Brovelli, M. A.: AN APPROACH FOR REAL-TIME VALIDATION OF THE LOCATION OF BIODIVERSITY OBSERVATIONS CONTRIBUTED IN A CITIZEN SCIENCE PROJECT, Int. Arch. Photogramm. Remote Sens. Spatial Inf. Sci., XLVIII-4/W1-2022, 271–278, https://doi.org/10.5194/isprs-archives-XLVIII-4-W1-2022-271-2022, 2022.

 

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