Médiamorphoses 2020
C’est en pleine crise mondiale que s’est construite cette 3ème édition de la chronique Médiamorphoses, produite par les étudiant·e·s de la HEIG-VD, candidat·e·s au Bachelor HES-SO en ingénierie des médias.
L’école a fermé ses portes le 13 mars 2020 au soir. Les autorités ont ordonné le confinement peu après. Une activité numérique intense a suivi. Chacun s’est mis à chercher ses repères et sa place dans un nouveau mode d’organisation imposé par les circonstances.
La regrettable épreuve que nous a infligé le Coronavirus a tout de même eu ceci de fascinant: les écoles ayant été désertées il a fallu leur redonner vie dans un nouvel espace, virtuel cette fois-ci, et les membres du corps enseignant, souvent réfractaires aux nouvelles technologies, ont travaillé dur pour continuer d’exercer leur métier.
Quand bien même le terme e-learning a fait son apparition il y a une bonne trentaine d’années (rebaptisé Edtech depuis), l’intérêt soudain suscité par les LMS (Learning Management System), les MOOCs (Massive Online Open Courses), les webinars, les quizz en ligne, les serious games etc. est sans précédent. Un coup d’accélérateur pour la transition numérique dans le domaine de l’éducation, mais pas que…
Après une semaine de réorganisation, les cours reprennent le 23 mars, à distance. Et le virus questionne presque tous les sujets abordés: paiement sans contact, traçage numérique, jeu en ligne, montres connectées, etc.
Vous trouverez ci-dessous un résumé de chaque article. Si un sujet vous interpelle, libre à vous de télécharger l’article en entier. Vous pouvez également consulter les articles des éditions 2018 et 2109.
Résumés des articles de la classe 48/1
La Chine, une fabrique à citoyens modèles ?
Les technologies s’immiscent au quotidien dans nos vies, jusqu’à percer notre intimité. Avec la multiplication des dispositifs de surveillance, le passage à un système de contrôle social devient envisageable.
En 1949 déjà, le roman dystopique 1984 – et son célèbre Big Brother is watching you – était pour le moins visionnaire. Plus récemment, la série d’anticipation Black Mirror abordait la thématique de la notation de la population.
Mais en 2020, la réalité dépasse la fiction. En effet, après une phase d’expérimentation, le gouvernement chinois annonce la généralisation de son Système de Crédit Social (SCS).
Fondé sur des valeurs historiques et traditionnelles, le Parti Communiste dirige le pays. Il maintient son pouvoir grâce au contrôle de l’information. Propagande et censure sont également au cœur du système.
Le SCS vise à classifier les personnes physiques et morales selon diverses catégories via un système de points. Cette pratique permet de caractériser les entreprises et les citoyens selon différentes notions, désormais quantifiables, comme l’honnêteté sociale ou le respect des règles.
Il ne semble pas être perçu négativement par la majorité de la population et réduirait effectivement les incivilités. Il devient même un symbole social que les chinois mettent en avant sur les réseaux sociaux. Son utilisation peut cependant être détournée car il constitue un outil efficace pour s’acharner sur une cible.
L’arrivée du Coronavirus a intensifié les dispositifs de cybersurveillance à travers le pays. À travers le prisme occidental, la mise en place d’un tel système au service du totalitarisme et de la cybergouvernance peut sembler extrême et suscite l’incompréhension et la crainte.
De là, l’expansion de la Chine questionne, le pays va-t-il étendre le contrôle au-delà de ses frontières ?
Crédit social, cybersurveillance, liberté individuelle, classement, totalitarisme
Vers la fin des cookies ?
En dehors de ce biscuit rempli de pépites de chocolat, le terme cookies désigne des fichiers informatiques d’un genre particulier. Il s’agit de « témoins de connexion » que les serveurs web déposent dans les navigateurs des internautes, lorsque ceux-ci consultent un site.
Ces témoins contiennent diverses informations, comme la date et l’heure de la visite, les pages qui ont été vues, etc. Les serveurs peuvent réutiliser ces informations lors d’une prochaine visite.
Rendus populaires en 1994 par un informaticien de Netscape, l’une des sociétés phare du début du web, les premiers cookies servaient juste à savoir si un visiteur était nouveau ou non.
Depuis lors, ils foisonnent et remplissent une quantité de fonctions. Le serveur peut se « rappeler » que tel visiteur préfère lire ses pages en allemand, il peut mémoriser un panier d’achat en cours de constitution, etc. Ils servent aussi d’outils de pistage, permettant de dresser des profils et de mieux cibler chaque visiteur avec de la publicité. Pire encore, les serveurs se sont mis à « collaborer », on parle alors de « cookies tiers », pour collecter toujours plus d’information sur les habitudes des internautes.
Bien qu’il soit facile pour tout un chacun de les supprimer de son navigateur web préféré, la plupart des internautes ne le font pas. Les cookies sont désormais considérés comme une menace dans le contexte de la protection des données personnelles.
Le récent RGPD européen (Règlement général sur la protection des données), représente l’initiative la plus importante en la matière depuis ses 30 dernières années. Mais la situation n’a pas vraiment évolué, sauf que, d’un point de vue juridique, maintenant les internautes consentent explicitement à être traqués.
De là, dans un article de blog intitulé « Building a more private web », Google a frappé fort : Chrome, le navigateur vedette utilisé par les deux tiers des internautes, ne supportera plus les cookies tiers d’ici deux ans.
Aors que peut-t-il se passer ? Quelles sont les forces en jeu ? Les professionnels du marketing digital sont en émoi, le marché pourrait changer radicalement.
Quand le cerveau et la machine communiquent
L’électroencéphalographie (EEG) consiste à mesurer l’activité électrique du cerveau. Cette invention remonte à la fin du XIXème siècle et sa pratique s’est largement répandue depuis 1950, notamment dans les milieux médicaux.
Trouble du sommeil, hémorragie cérébrale, état comateux, l’EEG couvre un large spectre d’applications notamment utiles à établir un diagnostic.
Cependant, puisque chacun de nos gestes ou réflexions implique une activité neuronale, le champ d’application de l’EEG s’est vite avéré beaucoup plus vaste. C’est en 1988 qu’une première expérience inédite voit le jour : une équipe de scientifiques envisage de piloter un robot par la pensée !
On parle désormais d’interfaces neuronales directes (IND) ou BCI en anglais (pour Brain Computer Interface) en référence à toutes sortes d’appareils de mesure, qui, posés sur la tête à la manière d’un casque bardé d’électrodes, permettent d’envisager des expériences d’un genre nouveau.
Bien qu’il soit aujourd’hui possible de détecter différentes zones et types d’activité cérébrale – qui varient lorsqu’une personne lit, écoute, calcule, ferme les yeux, tend le bras, etc. – il reste beaucoup à faire pour que ces interfaces du futur en viennent à remplacer le clavier ou la souris.
De nombreuses améliorations sont en cours : qualité, nombre et placement des capteurs électriques, ou infra-rouge pour mesurer les flux sanguins, précision des mesures avec de nouveaux senseurs, systèmes d’apprentissage et de calibrage pour dresser un profil neuronal, développement des logiciels qui interprètent les signaux et meilleure connaissance du cerveau.
Quid d’une technologie plus invasive, qui exploiterait des implants ? L’idée n’est pas nouvelle, plus proches du cerveau, ils fournissent un meilleur contrôle. Certes, mais tant qu’à faire pourquoi nous contenter de lire des signaux alors que nous pourrions également stimuler l’activité cérébrale ?
Science-fiction ? Pas tant que ça : des avancées prometteuses permettraient de traiter certains handicaps, à l’exemple de la maladie de Parkinson. Neuralink, la startup du milliardaire Elon Musk fondateur de Tesla vient de se positionner pour déployer sa technologie sur des êtres humains.
Sur le plan technique, nous sommes loin du dispositif ultime. Celui qui nous permettrait de piloter n’importe quel appareil, ou d’acquérir n’importe quelle connaissance en un temps record. Mais alors où en sommes-nous précisément ? Quelles sont les nouveautés susceptibles d’atteindre le grand public, et comment ce dernier se prépare-t-il à les accueillir sur le plan éthique ?
La crypto-monnaie
Les crypto-monnaies sont toutes fondées sur le même principe, la blockchain, une technologie de stockage et de transmission d’informations, réputée pour être à la fois transparente, inviolable et fonctionnant sans organe de contrôle. Il s’agit d’une base de données, partagée par ses propres utilisateurs. Elle conserve une trace de l’ensemble des échanges effectués depuis sa création. Cette invention issue de la cryptographie remonte à 1991, mais sa première utilisation concrète date de 2009. On la doit à Satoshi Nakamoto, un pseudonyme utilisé par la ou les personnes qui ont développé le Bitcoin.
Comme la monnaie physique prend la forme de pièces ou de billets, la monnaie numérique ne peut se présenter que sous forme de fichiers informatiques et ceux-ci sont facilement duplicables. Il faut donc résoudre le problème de la « double dépense », qui revient à fabriquer de la fausse monnaie en copiant les fichiers. Une solution consiste à passer par un « tiers de confiance », en mode centralisé. Une banque émettrice, entreprise ou gouvernement, garantirait la validité des fichiers échangés, en contrôlant chaque transaction. Le problème est plus complexe à résoudre en mode décentralisé, mais c’est exactement ce qu’offre la blockchain. Avec deux avantages : le premier c’est qu’il n’y a plus besoin de centraliser les échanges, le second en découle : il n’y a plus de « point de défaillance », le tiers de confiance pouvant toujours tricher ou disparaître.
Conçu pour s’autoréguler, le Bitcoin n’est calqué sur aucune production de richesse. Il tire sa valeur de l’usage que les utilisateurs en font. Le nombre total de Bitcoins qu’il est possible d’émettre est fixé d’avance, par conception logicielle. Le minage est l’opération qui consiste à les produire. Il s’agit d’un calcul rendu intentionnellement difficile qui devrait se terminer autour de l’an 2140, avec 21 millions d’unités produites, divisibles en plus petites unités, jusqu’à 8 chiffres après la virgule, nommées Satoshi.
Au 1er janvier 2020, 18.5 millions de Bitcoins avaient été émis. La valeur unitaire était de 7200 $ ce qui représente une capitalisation de 130 milliards de dollars, avec un Satoshi à environ 7 millièmes de centimes. En imaginant que la valeur du Satoshi soit à 5 centimes, comme la plus petite de nos pièces, alors le Bitcoin devrait valoir 5 millions de dollars et sa capitalisation attendrait les 93 billiards, soit ce que pourrait produire l’Europe et les Etats-Unis réunis en plus de 2’300 ans !
L’avenir du Bitcoin est incertain. Il suscite une quantité de discussions et d’ajustements, par exemple sur la fréquence des transactions qu’il autorise. Sa consommation énergétique, comparable à celle de la Suisse, a le don d’agacer. Les ordinateurs quantiques, supposés résoudre en quelques secondes des calculs qui prendraient aujourd’hui des milliers d’années, représentent également une menace. Il n’en reste pas moins une implémentation exemplaire de la blockchain, soit une expérience fascinante qui ouvre une quantité d’horizons : nouvelles monnaies, traçabilité des échanges, contrats intelligents, etc.
L’article complet n’est pas disponible au téléchargement.
Jeux vidéos : démons du passé et promesses d'avenir
Les jeux-vidéo rendent addicts et violents. Depuis qu’ils se sont démocratisés, ce message a été diffusé à d’innombrables reprises. Si, à la vue d’enfants passant des heures à combattre devant un écran, l’inquiétude des parents et des journalistes est bien compréhensible, ce type de discours devrait bientôt devenir désuet.
D’après Médiamétrie, une entreprise spécialisée dans l’étude des usages des médias audiovisuels et numériques, plus d’un français sur deux est un gamer. La moyenne d’âge est de 40 ans, et ils sont aussi bien des femmes que des hommes.
À travers la popularisation du jeu et le vieillissement des joueurs, on aurait pu penser que l’incompréhension évoquée plus haut se serait dissipée au fil du temps. Cependant, il est toujours courant de tomber sur des articles accusant le jeu-vidéo de tous les maux, et ce de manière presque caricaturale.
De nombreuses recherches ont pourtant révélé que ce nouveau média pouvait apporter sa part de contributions positives à la société.
La pratique du jeu-vidéo peut poursuivre divers objectifs. Le divertissement est bien entendu l’une de ses finalités principales, mais l’on peut aussi penser à son utilisation à des fins thérapeutiques. Réadaptation neurologique, troubles du comportement, agoraphobie, peur du vide, les exemples de posologie abondent. La préservation de la santé, avec des jeux qui stimule la forme physique jusque chez les personnes âgées, a même donné naissance un terme qui regroupe toute une catégorie de produits, l’exergaming.
D’autres jeux d’action sont reconnus pour être à l’origine du développement de facultés – concentration, rapidité d’exécution, prise de décision – utiles à certains corps de métiers, tout comme les serious games favorisent la réflexion. Le jeu-vidéo permet aujourd’hui des simulations extrêmement fines donnant la possibilité aux professionnels de s’entraîner aux situations les plus extrêmes en toute sécurité, qu’ils soient pompiers, chirurgiens ou astronautes. La gamification est également reconnue comme un ingrédient majeur dans la mise en place de dispositifs éducatifs interactifs.
Qu’en est-il alors de tous ces joueurs de second plan ? Addicts et violents ? Les personnes âgées deviennent-elles des meurtrières assoiffées de sang? Les pilotes deviennent-ils des terroristes? Si ces interrogations peuvent sembler ridicules, les discours des détracteurs du jeu-vidéo semblent aller dans ce sens. Mais qui sont-ils et à quand la fin ?
jeux-vidéo; gamification; ludification; travail; professionnel; compétences
Roblox, une aventure à la dérive ?
Roblox est une entreprise américaine de jeux vidéo créée en 2006 par David Naszucki. Dix ans après sa naissance elle bénéficie d’un véritable engouement.
Semblable au jeu Second Life, un métavers permettant d’incarner un personnage et d’y modifier son environnement, dotée d’un design qui rappelle Minecraft, un monde de briques dans lequel on peut jouer en trois modes (aventure, survie et créatif), Roblox propose deux plateformes séparées.
La première permet d’accéder aux divers jeux, d’y façonner des avatars et de les personnaliser via un système des micro-transactions. La seconde offre un studio de développement, permettant à ses utilisateurs de créer des jeux en mode sandbox (bac à sable). Son fonctionnement est relativement facile d’accès, d’autant plus que le public cible concerné est majoritairement constitué d’enfants de 9 à 12 ans. Tout sur la plateforme est imaginé pour les enfants, de la simplicité de création au graphisme des personnages rappelant les pièces de la marque Lego, en passant par la facilité d’inscription.
Grâce aux micro-transactions, la plateforme rapportait 2,5 milliards de dollars en 2018 avec 90 millions de joueurs actifs par mois en 2019.
En Juillet 2018, une joueuse mineure a vu son avatar violé virtuellement par d’autres joueurs. Visiblement mal surveillé, Roblox fait face à de nombreuses plaintes, relatives à la sécurité de leurs jeunes utilisateurs pour lesquels l’éditeur peine à trouver des solutions.
Il se targue d’employer des centaines de modérateurs, de leur offrir des outils d’intelligence artificielle susceptibles de faciliter leur travail, il publie des articles de sensibilisation et d’information destinés aux parents, mais, comme la plupart des plateformes à succès, le jeu reste truffé de contenus nocifs.
Le modèle commercial fonctionne, et le potentiel éducatif de la plateforme est largement reconnu puisque beaucoup de jeunes adeptes y apprennent à coder. Mais justement, ils sont trop jeunes pour que l’on puisse fermer les yeux.
L’entreprise doit gérer des millions de jeux créés chaque mois par des dizaines de milliers de développeurs, de métier ou amateurs. Elle doit en permanence trouver un équilibre acceptable entre les profits qu’elle dégage et l’image qu’elle renvoie.
Elle propose une solution novatrice, en embauchant des employés dédiés à la modération, directement au sein des joueurs eux-mêmes. Cela suffira-t-il ? Y a-t-il d’autres pistes à envisager ?
Résumés des articles de la classe 48/2
Campagnes 2.0
La communication politique change de visage. A l’ère digitale, les campagnes électorales ne se font plus sur la presse, ni sur les journaux ou débats télévisés. Elles suivent le même chemin que l’information : accessible n’importe quand, depuis n’importe où. Qu’elle soit locale ou internationale.
Cette transformation progressive n’a certainement pas fini de nous surprendre. Prenons l’exemple des Etats-Unis afin d’en distinguer les grandes tendances.
Comme Franklin Roosevelt l’a été avec la radio, ou John F. Kennedy avec la télévision, Barak Obama est précurseur dans son usage de l’internet.
Avec sa campagne de 2008, il est le premier candidat aux présidentielles américaines à avoir accordé un important budget aux médias numériques.
Mieux encore, ces derniers lui ont permis de collecter des sommes colossales.
Quatre ans plus tard, en améliorant ses méthodes, son équipe levait 680 millions de dollars en ligne pour soutenir sa deuxième campagne.
Dans l’intervalle, un nouveau type de comité d’action politique (PAC) apparaît, le Super PAC. Les plafonds de financement politique sont abolis, on peut alors encourager des idées, mais aussi en dénigrer d’autres, avec des budgets illimités !
A l’ère des fakes news et de la « post-vérité » – ce néologisme qui désigne le glissement des débats politiques vers l’émotionnel au détriment des faits et de l’argumentation – ce nouveau visage a de multiples facettes. Les risques de dérive issus du big data et du micro-ciblage publicitaire en font partie. En instrumentant des dizaines de millions de profils Facebook, le scandale Cambridge Analytica a peut-être terni l’élection de Donald Trump, mais qui peut garantir que cela ne se reproduira plus ?
Dans ce paysage mouvementé, n’oublions pas l’arrivée du smartphone et de nouvelles générations d’électeurs. Les politiciens doivent s’adapter. Désormais, le président est sur Twitter, tel un influenceur.
En outre, cette nouvelle jeunesse ne se contente plus de consommer l’information, elle vise l’action, l’interaction. Chacun devient acteur du débat politique, qui se construit désormais sur les réseaux sociaux.
Au final, les budgets de campagne explosent, les candidats doivent pouvoir compter sur des équipes de spécialistes, réactives et disponibles à toute heure. Quels sont les nouveaux ingrédients d’une bonne campagne électorale ?
Le cash, une espèce en voie de disparition ?
Depuis l’invention du commerce, les moyens de paiement ne font qu’évoluer. Du troc au paiement cashless, en passant par les formes de monnaies primitives, la monnaie métallique, les chèques et les billets, les cartes de crédit et le paiement par mobile, on ne saurait dire comment on paiera nos courses dans dix ans.
Grâce à la montée en puissance d’Internet et des nouvelles technologies, les transactions financières se digitalisent toujours plus. Ce changement amène divers avantages : rapidité et facilité d’utilisation, diminution des risques d’agression physique et augmentation de la sécurité des personnes, sans compter la dimension sanitaire qui vient renforcer l’adoption des moyens de paiement sans contact avec l’arrivée subite du Coronavirus.
Parmi les arguments des résistants, nous pouvons citer l’anonymat du parcours de consommation qui n’est plus garanti, la cybercriminalité qui représente un danger grandissant, la peur de se voir couper de toute ressource en cas de problème d’accès aux moyens électroniques, le pouvoir donné aux banques ou aux gouvernements qui pourraient geler les avoir des citoyens qui ne paient pas leurs factures, etc.
Le changement n’est pas accepté par tous mais il se poursuit, à tel point que bon nombre de personnes vivent déjà leur quotidien en mode dématérialisé, sans portemonnaie, avec une simple carte à puce ou un téléphone.
La Fintech connaît un développement fulgurant, les moyens de paiement électronique se multiplient, et chaque occasion semble bonne à créer une nouvelle monnaie virtuelle ou crypto-monnaie. On en répertorie facilement plusieurs milliers, alors que les Nations-Unies ne reconnaissent que 180 devises ou monnaies en circulation.
En parallèle, la constitution de capitaux se transforme, avec la généralisation du financement participatif, crowdfunding, crowdsourcing, et autres systèmes de cagnotte en ligne. Certains services n’exigent même plus de transaction financière. La sharing economy réinvente les échanges, l’économie du partage et ses dérivés (économie circulaire, pair à pair, sociale et solidaire) permet de co-voiturer, co-habiter, co-échanger… Et les SELs (Système d’Echange Local) fleurissent sur la toile, chacun étant libre de déterminer sa propre unité d’échange.
Mais comment ces tendances peuvent-elles converger ? D’un côté diverses innovations technologiques plus ou moins futuristes (paiement avec objets connectés, voice commerce et blockchain), et de l’autre une sorte de retour à un système ancestral, le troc. La monnaie qui se dématérialise pourrait-elle finir par disparaître au profit d’un nouveau modèle ?
Paiement; monnaie; digitalisation; comportement d’achat; technologies; dématérialisation; disparition
Smartwatch, eldorado des assureurs ?
Les montres modernes peuvent se connecter à l’internet, elles nous permettent de téléphoner, d’envoyer des messages, de compter nos pas, de mesurer notre rythme cardiaque, d’analyser notre sommeil, de nous localiser et nous donnent même l’heure !
La montre intelligente ou smartwatch rend une quantité de services dont certains sont fortement liés à la santé. Les assureurs l’ont bien compris puisqu’ils sont déjà plusieurs à proposer des rabais en échange de nos précieuses données vitales.
Dans le prolongement d’un mouvement né il y a treize ans dans la baie de San Francisco, le Quantified Self (littéralement « mesure de soi »), les traqueurs d’activité n’ont cessé de se développer. Bracelets, montres ou podomètres, conçus d’abord comme des dispositifs de mesure de la performance ou de l’activité physique, ces capteurs ont très vite intéressé les milieux médicaux.
Se faire une idée quotidienne de l’évolution d’éléments clefs influençant notre état de santé, pouvoir les partager facilement, c’est aussi donner une chance aux professionnels de la santé de nous offrir un accompagnement plus pertinent, vers une médecine personnalisée.
Cet assistant à notre poignet nous encourage à rester en bonne santé en faisant de l’exercice, en mangeant sainement et en dormant suffisamment. Il s’apprête même à nous sauver la vie, à l’exemple de l’Apple Watch qui propose des innovations majeures dans la détection d’anomalies cardiaques.
En cela la smartwatch participe pleinement au glissement général du marché de la santé, qui mettait traditionnellement l’accent sur la guérison des maladies, pour se diriger progressivement vers la préservation de la santé.
Mais derrière ces visées positives il subsiste tout de même quelques interrogations. Quid de la confidentialité des données et quid de l’impact sur nos vies de leur possible utilisation ? Prévention collective ou surveillance de masse ? À quel point des objectifs purement mercantiles pourraient-ils prendre le dessus ?
Cette évolution vient de démarrer et plusieurs pistes passionnantes se dessinent : analyse populationnelle à grande échelle, diagnostic automatisé, prescription médicamenteuse, diminution des risques de maladie, etc. Certes, il vaut mieux prévenir que guérir, mais gare aux écarts !
Instagram sans like, pour le bien de qui ?
Pourquoi être une star si l’on peut être un œuf ? Le 4 janvier 2019, Chris Godfrey un créatif publicitaire, publiait une image d’œuf sur un compte Instagram créé pour l’occasion (@world_record_egg). Son but ? Détrôner Kylie Jenner, une star américaine de téléréalité qui, avec une photographie de son bébé, détenait le record des publications les plus appréciées du réseau social : 18 millions de likes.
En 10 jours, le record était battu par l’œuf de Godfrey et 48 heures plus tard, il fut littéralement pulvérisé avec 45 millions de likes. Toutes plateformes confondues, l’œuf est devenu l’objet le plus « liké » de la planète. Cet épisode puissamment viral, et absurde en même temps, a suscité de nombreuses réactions.
Deux ans plus tôt, une étude de la très sérieuse Royal Society désignait Instagram comme le réseau social le plus dangereux pour la santé mentale des jeunes populations. La frénésie avec laquelle les acteurs du réseau recommandent des publications, comparent les leurs à celles des autres, ou recherchent de la reconnaissance, a fini par être admise comme nuisible par les éditeurs de plateformes sociales.
Conséquence ? Instagram supprime l’affichage des likes au public. Désormais, chacun continuera à voir les statistiques de ses propres publications, mais pas celles des autres. Fin de l’histoire ? Pas vraiment. En septembre 2019, Facebook effectue des tests qui cachent le compteur de likes en Australie. Instagram fait de même au Canada. Les plateformes affirment vouloir généraliser cette pratique, avec un discours bienveillant : il est temps de redonner du pouvoir aux créateurs et de la liberté aux internautes, afin que ceux-ci puissent admirer un contenu pour ses qualités intrinsèques et non pas juste parce qu’il a du succès !
En effet, pour certains, la disparition des likes permettrait de valoriser les commentaires, plus construits qu’un simple clic sur un cœur. Elle serait aussi l’occasion pour chacun de mieux soigner sa narration, d’être plus créatif, par exemple au travers des stories. Facebook vient d’ailleurs d’ouvrir son « Creator Studio » à la plateforme Instagram !
Mais la réalité est plus complexe et la firme joue vraisemblablement un coup magistral. D’abord, pour ceux qui achetaient leur audience, elle signe la fin de la fraude à l’influence. Ensuite, elle prive les agences marketing d’indicateurs précieux qu’elle pourra probablement leur revendre, car Facebook, son propriétaire, est réputé pour être inventif dans le domaine de la monétisation. Enfin, la démarche est parfaitement compatible avec une transformation stratégique qui ferait d’Instagram un gigantesque centre commercial en ligne. Les influenceurs et les marques travailleraient de concert, via des tableaux de bord statistiques performants. Les premiers présentent des produits, en posant des étiquettes sur les promotions des seconds. Les internautes n’ont plus qu’à cliquer pour acheter. Il ne reste plus qu’à espérer que la frénésie soit toujours au rendez-vous !
Assistants personnels, et intelligents ?
Depuis les années 50 les technologies liées au traitement du langage naturel (TLN, ou Natural Language Processing en anglais) se développaient progressivement.
Mais avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, sa puissance de traitement et la disponibilité grandissante de toutes sortes de données, une nouvelle étape est franchie. Nous n’en sommes certes pas au point de pouvoir tenir une conversation avec une machine, mais celle-ci peut aisément comprendre un ordre exprimé oralement par un humain, et à l’inverse, elle transforme sans problème tout texte en paroles parfaitement audibles.
L’interaction entre l’homme et la machine via une interface vocale peut désormais sortir du champ de la recherche pour s’imposer sur un nouveau marché, celui des assistants vocaux.
Pour diffuser leurs produits, les fabricants doivent jouer sur trois tableaux. Le logiciel, qui traite les commandes vocales et y répond, le matériel, qui connecte l’utilisateur à l’infrastructure du constructeur, et les données. Ces dernières sont de trois types : les données qui servent à améliorer le dialogue, celles qui servent à rendre le service (météo, encyclopédies, playlists, etc.), et celles qui concernent directement l’utilisateur (ses paroles).
Progrès du TLN oblige, la reconnaissance et la synthèse vocales ne sont bientôt plus un challenge. Par contre, du côté du service rendu, organisés comme un oligopole, les grands acteurs du marché semblent tous évoluer dans une niche qui leur est propre. L’assistant de Google donne les meilleures réponses aux questions d’ordre général, celui d’Amazon trouve les meilleures offres pour les questions liées aux achats, celui d’Apple réjouit les fans de la marque pour son intégration à l’écosystème.
Du côté des données personnelles, c’est bien connu, pour mieux nous servir, un assistant doit mieux nous connaître. Il existe bien quelques offres spécialisées dans l’apprentissage des habitudes de l’utilisateur, mais celles-ci restent cantonnées au champ professionnel : gestion d’agendas, déplacements, appels ou réunions. Pour passer du bureau aux loisirs, il faut changer d’assistant !
Alors que chaque fabricant continue d’enregistrer la voix des utilisateurs dans son cloud respectif, alors que le marché nous promet l’assistance du bureau à domicile en passant par la voiture ou le réfrigérateur, pourquoi cette expérience en silo, sans interconnexion ? Les fabricants s’interdiraient-ils de nous redonner l’accès à nos propres paroles, et d’ailleurs qui pourrait les traiter ? Visent-ils à nous rendre prisonniers de leurs écosystèmes respectifs, quitte à attendre, par exemple, qu’Apple se mettent à fabriquer des voitures et des réfrigérateurs ? Ou tout cela est-il le fruit d’une cordiale entente destinée à nous vendre un maximum d’assistants ?
5G : Technologie miracle ou boîte de Pandore ?
Presque tout le monde utilise un smartphone, une tablette ou un ordinateur portable pour consommer une multitude de contenu multimédia en tout temps et tous lieux, tout cela grâce aux réseaux de télécommunications mobiles de 3ème et 4ème générations (3G/4G), déployés dès les années 2000.
Cette année arrive une nouvelle génération d’équipement qui va permettre la mise en place d’un grand nombre de nouvelles technologies : la 5G ! Grâce à sa vitesse 100 fois plus élevée que la 4G et un temps de latence divisé par dix, il sera possible, par exemple, de créer des villes dites « intelligentes », de réaliser tout type de télétravail, ou de faire enfin circuler les fameux véhicules autonomes.
Cette évolution, très séduisante sur le papier, soulève pourtant une quantité de questions liées aux divers enjeux qu’elle représente sur les plans éthique, économique, politique et sanitaire.
La Chine, équipementier N°1, fait-elle figure de monopole ? Se mettrait-elle à contrôler les données qui circulent sur ses équipements une fois vendus à l’étranger ? La crainte cultivée par les gouvernements occidentaux en matière d’espionnage est-elle fondée ? Les juteuses perspectives commerciales guideront-elles les politiques ? Jusqu’à mettre en péril les régimes démocratiques ? Enfin, cette nouvelle vague d’ondes dans l’électro-smog ambiant aura-t-il un prix pour la santé ?
Pour le grand public, il est difficile de comprendre les enjeux et l’utilité de ce nouvel eldorado qui fait peur. De nombreux cantons n’en veulent pas et se battent avec des moratoires déclarés illégaux pour tenter d’en ralentir l’implantation. Peut-on démêler le vrai du faux ? Les rumeurs des faits avérés ? Les avantages et les dangers que représentent cette technologie ?
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